8 Mail de l'Atlas
Le Mail de l’Atlas est une de ces rues étranges façonnées de leurs propres légendes – le numéro 24, par exemple, était un allumeur de réverbères et en cela, son logis était constamment éclairé d’une vive lumière bleue, comme s’il rapportait chez lui les lanternes en panne en attente d’être réparées. Il y a aussi le numéro 8, que le voisinage apprécie beaucoup.
Il paraît que le propriétaire de la maison créait des parfums – si l’on en croit les odeurs délicieuses qui s’échappaient de la bâtisse, et les flacons oubliés parfois sur le pas de la porte. Précisément, il espérait mettre en bouteille les souvenirs de la Cité : l’air chargé de fumée et de sucre, les murmures de la Lune, les rires de la funambule. Il lui arrivait aussi de sortir en trombe de chez lui afin d’interpeller un passant, lui demandant son avis sur telle ou telle fragrance. Et le passant, lui, acceptait avec curiosité, avant de repartir ébahi, stupéfait, joyeux, ou franchement euphorique.
Si l’on considère la Cité de Minuit comme la somme de ses habitants, de leurs souvenirs, de leurs émotions, il n’y a rien d’étonnant à ce que les parfums soient si présent dans notre quotidien. Ne dit-on pas que l’odorat est la première porte qui conduit à la mémoire ? Et si cet homme vivant au 8 Mail de l’Atlas avait trouvé les clefs de cette porte insaisissable ?
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