Les Cauchemars
(conversation entendue à la devanture de la fabrique de Rue de Minuit)
— Regarde, ces bijoux, qu’ils sont étranges… Ils ne ressemblent à rien de connu ici.
— Les aimes-tu ? Je pourrais t’en offrir un.
— Non, ils m’effraient quelque peu. J’ignore pourquoi… Leur forme, ou leur couleur…
— Ou bien l’aura qui en émane ? Leur énegie ? Ne trouves-tu pas qu’ils ressemblent à des cauchemars ?
— Des cauchemars ?
(Un silence. Songeur. Puis la voix, masculine, reprend : )
— Pourquoi prétendre qu’il s’agit de cauchemars ?
— Si l’on parvient à capturer les rêves de la Cité pour en faire des bijoux, pourquoi ne parviendrait-on pas à en faire de même avec les cauchemars ?
— Mais qui ferait une telle chose ? Le sait-on ?
— Je crois savoir. Mais tu devras garder le secret.
(Ils s’éloignent tous les deux, leurs voix s’estompent à chacun de leurs pas. Près de l’entrée de la boutique, la tenancière sourit, tendant l’oreille. Elle entend la Nocturne dire tout bas, mais pas assez : )
— L’on raconte que le démiurge lui-même piège ses cauchemars, et les emprisonne dans des médaillons d’oneirium qu’il forge lui-même. Il les garde près de lui, ainsi, et les chérit.
(Le reste se perd dans le lointain)